Publié le 24 novembre 2023 par Nathan Ducreau
Le mouvement artistique provenant de la côte est des États-Unis a mis du temps à traverser l’Atlantique. En 1930, le photographe Brassaï explore les rues de Paris à la recherche de l’art primitif qui s’exprime sur les murs de la ville. Ses clichés, publiés en 1933 dans la revue Minotaure sous le titre « Du mur des cavernes au mur des usines », mettent en lumière cette forme artistique. En 1960, avec Picasso, Brassaï publie un autre article intitulé « Graffitis », affirmant que ces dessins sont une forme d’art, une première à l’époque.
En 1963, Gérard Zlotykamien, confronté à la censure diplomatique lors de la 3ème Biennale de Paris, décide de pratiquer son art dans la rue pour contourner cette contrainte. Cette action marque le début d’une tendance où des artistes tels que Blek le Rat, Miss.Tic, Buren, et d’autres, utilisent les murs de la ville comme toile, considérant cela comme une revendication politique, sociale et idéologique.
Contrairement au mouvement qui se développe sur la côte Est américaine, le Graffiti n’arrive à Paris que dans les années 1980, faisant sa première apparition dans les terrains vagues du quartier Stalingrad. Paris se positionne ainsi à l’avant-garde de l’art urbain, les artistes locaux ne tardant pas à s’engager dans cette forme d’expression.
Le mouvement Graffiti, caractérisé par sa concentration sur la calligraphie au détriment du figuratif, se démarque des autres arts de rue. Initialement construit en opposition aux institutions dans une logique anti-muséale, le Graffiti remplace progressivement l’art de rue traditionnel avec la propagation de la culture Hip-hop.
Dans les années 2000, la mairie de Paris engage une lutte contre l’art urbain, mobilisant des entreprises de nettoyage pour effacer les graffitis à travers la ville. Cet acharnement s’explique en partie par des événements tels que la nuit de mai 1992, où la station de métro Hôtel de Ville a été recouverte de tags. Ces actions provoquent une réaction négative de l’opinion publique, poussant les institutions à s’opposer davantage à l’art urbain.
Le passage du Graffiti à l’art de rue traditionnel se fait en deux temps, entre la reconnaissance de la surproductivité, de la prise de risque et de l’illégalité par les pairs, et la perception négative du grand public qui voit cela comme une dégradation. Cette dualité mène à l’émergence du Street art, souvent confondu avec le graffiti mais cherchant une reconnaissance plus large.